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12 juillet 2011

Carnet des personnages

roman,littérature,nouvelle,personnage,fiction,le grand variable,éditions éditinter,manuscrit,tapuscrit,publication,auteur,écrivain,narration,angle,christian cottet-emardSi j’arrive à ne pas trop me disperser dans la contemplation de ce bel été, si j’arrive à me concentrer et à me discipliner un peu, à manger plus léger, à moins fumer de cigares et à dormir avec plus de régularité, les ombres qu’ils sont encore pourront bientôt cheminer vers le jour.
Pour l’heure, ils s’impatientent et me le font savoir, y compris ceux qui reviennent comme l’enseigne de vaisseau Mhorn et son encombrant ami, le brocanteur Marius le Bernois. Ils croiseront les chemins d’Helga, la jeune mariée qui a mal aux pieds, de Louis pour qui le monde va trop vite, et d’Andrade dérangé dans sa bibliothèque par une jeune fille nostalgique de grandes fêtes sous la lune.

09 juin 2011

Je me souviens toujours du temps qu'il a fait

le grand variable,éditions éditinter,christian cottet-emard,temps,nuage,ciel,météo,usine,voiture,puanteur,industriecar rien d'autre ne m'intéresse vraiment. À l'école, déjà, mon attention se dispersait dans l'espace vide de la fenêtre à la moindre variation de ce ciel où je plongeais avec délice.
« Es-tu avec nous ? » s'énervait le maître.
Aujourd'hui, c'est pareil, sauf que je peux me payer le luxe d'ouvrir la fenêtre, y compris au bureau, lors d'une réunion avec des petits chefs.
« Êtes-vous avec nous ? »
Je ne réponds rien. Non, je suis contre vous mais je ne peux vous le dire de vive voix si je veux vous combattre avec efficacité. Sachez que nous sommes de plus en plus nombreux à vouloir vous combattre, individuellement, chacun à notre manière, chacun dans notre coin, par notre façon d'être et de vivre, mais tellement nombreux, de plus en plus nombreux ! Un tilleul m'envoie un signal tout odorant d'averse et d'éclaircie. Il existe encore, ce parfum, malgré la puanteur des usines et des voitures... La puanteur du monde industriel et marchand.
« Eh ! Vous ! » s'impatientent les petits chefs.
Presque toujours à mon insu, je pense à autre chose, à quelque chose qui n'a aucun rapport avec l'instant que les petits chefs essayent de confisquer, à quelque chose qui a si peu de consistance que j'aurais bien du mal à le nommer, à quelque chose de dangereux pour eux mais de si bon et nécessaire pour nous tous.

Extrait de mon livre LE GRAND VARIABLE, éditions Éditinter, 2002, épuisé.

28 février 2011

Angoisse

le grand variable,éditions éditinter,christian cottet-emard,zones industrielles,laideur,france moche,usines,publicité,habitat pavillonnaire,enseignes,téléramaJe vois le soleil se lever sur une immensité de laideur. Habitat pavillonnaire et zones industrielles.
Un monstrueux cargo accoste. Il décharge des usines entières, « clefs en main » . Elles dégorgent à leur tour un fleuve de trains de marchandises et de camions. La chaleur des moteurs tremble dans l’objectif de la lunette de l’enseigne de vaisseau Mhorn et le petit matin sent le gazole.
Je voudrais joindre ma voix à celle des veilleurs qui donnent l’alerte mais ceux-là même qui souffrent chaque jour de cette laideur et de cette puanteur nous accusent de cracher dans la soupe et nous traitent de traîtres.
Au secours !
Ce cauchemar-là, je le fais chaque fois que, par mélancolie, je mange trop et trop lourd le soir.
Mais suis-je vraiment endormi ?

(Extrait de : Le Grand variable, éditions Éditinter, 2002.)

Illustration : Halte à la France moche, couverture de Télérama du 13 au 19 février 2010.